Les enjeux cliniques du placement familial

Après un rappel de l’ONED sur l’histoire du métier d’assistant familial et de sa construction juridique, Janine Oxley, psychologue, ex-responsable de placement familial thérapeutique, a présenté les enjeux cliniques du placement familial : importance de bien fonder la mesure de séparation enfants-parents au regard de sa violence intrinsèque, nécessaire préparation de l’enfant à l’admission en accueil familial, travail à mener sur les conflits de loyauté vécus par l’enfant, accompagnement des familles d’accueil dans la prise en compte des troubles du lien et des difficultés de développement de l’enfant, les carences des premiers liens laissant des traces en l’enfant et pouvant rendre difficile sa prise en charge.

Cette clinique implique de penser l’organisation du placement familial en termes de dispositif institutionnel : selon la métaphore de Christian Allard, responsable de service de placement familial au conseil départemental du Val-de-Marne, « il faut que les familles d’accueil aillent chercher l’enfant au fond de son puits, on ne peut pas les laisser faire cela seules. La nécessité de l’encordage est fondamentale. »

Penser l’organisation, c’est également construire le service à partir des besoins de l’enfant : choisir un assistant familial, mettre en place des relais pour une famille d’accueil, cela se fait en partant de l’enfant. Dans l’organisation de ce service départemental, l’assistant familial assure la fonction d’accueil de l’enfant, les autres membres du service gèrent les liens avec les parents. Remettre ces derniers en position de parents c’est oser leur demander des choses à partir de l’enfant, et ne pas leur demander ce qu’ils ne peuvent pas donner.

Garantir la prise en compte des parents

Se demandant si les enfants accueillis peuvent mener une vie ordinaire quand leur situation ne l’est pas tout à fait, Anne-Marie Martinez, directrice du service de placement familial de l’association Jean Cotxet, a soulevé une question forte pour ce mode d’accueil : comment garantir la prise en compte des parents sans rendre la vie impossible à leurs enfants ? Dans la pratique, par inflation de lois protectionnistes qui génèrent des retards de décisions, le placement familial crée souvent une relation non sécurisée et non légitimée entre un assistant familial et un enfant : comment éduquer un enfant sans exercer une autorité légitimée, c’est la difficulté à laquelle sont confrontés des assistants familiaux.

La réalité et les modalités du travail d'équipe en placement familial

L’ONED a ensuite présenté son étude de juillet 2015 qui interroge la réalité et les modalités du travail d’équipe en placement familial. Si le renforcement de la place des assistants familiaux dans les équipes a constitué une des principales motivations de la réforme de 2005, l’étude a montré la difficulté d'instituer de telles équipes dans les départements. La relation entre l’assistant familial et le référent, acteurs professionnels principaux de ces équipes, reste marquée par des mécanismes qui freinent l’évolution vers des pratiques d’interdépendance, de collaboration et de coopération entre collègues caractéristiques d’un fonctionnement d’équipe.

Dans la suite du séminaire, le travail en ateliers a permis aux participants de mener une réflexion sur l’organisation, les rôles et les fonctions au sein d’un service d’accueil familial, à travers quatre thématiques : le lien entre éducateur référent et assistant familial, l’apport de la théorie de l’attachement et ses usages dans le cadre de l’accueil familial, la place de l’assistant familial dans l’équipe pluridisciplinaire et dans l’institution, les modes de soutien et d’étayage des familles d’accueil par les équipes dans le cas d’accueil spécifiques (urgence, prise en charge de jeunes en difficultés multiples).

L'expérience des enfants accueillis

La rencontre-débat avec deux adultes ayant écrit le récit de leur enfance en famille d’accueil a constitué un temps fort des deux jours. Vincent Jeantet (Je suis mort un mardi, Editions L’harmattan) et  Patrick Cauche (Souvenirs et itinéraire d’un gosse de la DDASS : être et avoir été..., Editions L’Harmattan) ont, par leurs témoignages, recentré les échanges autour de l’expérience des enfants accueillis, et souligné l’importance qu’ils soient accompagnés et écoutés.

Des exemples d'organisations pour un meilleur accompagnement et soutien aux assistants familiaux

La dernière table ronde de ce séminaire a permis à Dany Marcy (chef de service départemental de l'accueil familial et institutionnel du conseil départemental du Pas-de-Calais) et à Liliane Daumas (chef du service mode d’accueil familial du conseil départemental du Vaucluse) de présenter leur service respectif. Ces deux présentations, complémentaires au regard des différences importantes de ces départements (taille, nombre d’enfants confiés et assistants familiaux employés), ont cherché à montrer quelles organisations pouvaient être adoptées pour proposer un accompagnement et un soutien pertinent aux assistants familiaux dans leur mission d’accueil.

Olivier Hiroux, directeur enfance famille du conseil départemental du Morbihan, s’est appuyé sur ces deux présentations pour soulever quelques interrogations et rappeler que les questions d’organisation et d’administration ne doivent pas phagocyter la réflexion portée sur les conditions d’accueil à proposer aux enfants confiés, mais elles ne doivent pas non plus être pleinement occultées dans le contexte actuel.

 

Les actes de ce séminaire seront prochainement en ligne sur les sites de l’ONED et du CNFPT.

Consulter le rapport d'étude de l'ONED "L'accueil familial : quel travail d'équipe ?" :