« Ce rapport s’inscrit dans une actualité marquée particulièrement par la publication de nos orientations nationales, déclinées dans un programme de travail.

En effet, la note d’orientation du 30 septembre 2014 vise à faire de l’organisation réussie de la continuité des parcours des jeunes confiés le cœur de l’action de la PJJ et à déployer dans cette perspective tous les niveaux de l’institution et de ses partenaires.

Cet objectif de continuité s’appuie sur une nécessaire connaissance des publics et des territoires ainsi que sur des réflexions à moyen terme sur l’institution et son contexte.

1. Pour mieux connaître ses publics, la direction lance une analyse longitudinale des parcours des mineurs délinquants pris en charge par les services des secteurs public et associatif de la PJJ, à partir de la création d’une cohorte. 

Ce projet est destiné à permettre l’analyse :

  • des trajectoires des mineurs pris en charge par la PJJ,
  • de l'impact de ces prises en charges,
  • de la réitération des mineurs concernés ou a contrario de leur sortie de la délinquance.

Ce dispositif devrait permettre de déterminer une typologie des trajectoires typiques durant la prise en charge, à l’issue des prises en charge et durant les premières années de la majorité ; il devrait permettre d’identifier des facteurs dynamiques de  la réitération et, partant, de modéliser les risques statistiques de réitération en y intégrant ces facteurs qui peuvent évoluer au cours du parcours du mineur.

2. Un deuxième objectif est celui qui tient à des approches de problématiques situées dans les cadres et les contextes spécifiques de certains territoires. Ces approches sont issues de demandes territoriales qui font suite à la confrontation à des situations critiques. Le fait que les solutions déployées apparaissent parfois insuffisantes ou inadaptées pour faire face aux problèmes conduit à s’interroger sur la nature des solutions mises en œuvre jusqu’ici qui ne semblent plus tout à fait adaptées ou du moins suffisantes. Il apparait que de nouvelles pistes, de nouvelles manières d’agir doivent être trouvées pour compléter et/ou transformer les pratiques existantes et par la même redynamiser et redonner envie de se mobiliser et d’agir aux acteurs locaux en place – qui semblent pour partie en difficulté par épuisement ou fatalité face à des solutions qui peinent à avoir de réels effets. C’est pourquoi la direction a engagé plusieurs opérations de design social destinées à élaborer collectivement et à expérimenter avec les acteurs une transformation de leurs postures et de leurs manières de faire. Le design social est un processus qui s’appuie sur la participation des acteurs pour redéfinir les besoins et revoir les modèles sociaux d’organisation de l’activité, opérant à travers des projets de partage des savoirs, de mutualisation des outils, de réciprocité des échanges et des services. Il s’agit de concevoir de façon renouvelée les pratiques, les services, les comportements et les attitudes adaptés à l’environnement concerné, et de concevoir un dispositif d’accompagnement dans ce processus des professionnels concernés.

3. Un troisième axe majeur pour l’institution réside dans l’engagement d’une démarche de prospective des règles de la justice des mineurs et des missions de la protection judiciaire de la jeunesse. Pour ce faire, la direction a répondu à l’appel à projets "Futurs publics" du secrétariat général pour la modernisation de l'action (SGMAP), sur la base d’une approche de la faisabilité de la démarche de prospective, développée sur un cycle court, à travers un processus d’expérimentations sur le terrain.

L’objectif est de prendre conscience des évolutions qui déterminent l’avenir, pour se donner les moyens de les accompagner et de préparer à temps un meilleur encadrement du phénomène. Les moyens utilisés relèvent :

  • d’un partenariat institutionnel fort avec le secteur associatif habilité justice, représenté par l’Espace de Recherche et de Prospective en Protection de l’Enfance et Justice des Mineurs (ERP) ;
  • des pratiques de modernisation de l’action publique.

La visée de cette opération est de déboucher sur la production d’un dispositif innovant tangible dédié à cette démarche de prospective.

De façon générale, ces exemples montrent à l’instar du contenu du rapport d’activité comment les résultats de la recherche peuvent constituer un appui pour l’action de la direction, pour l’aide à la décision judiciaire et à la prise en charge, et comment en retour les préoccupations de toutes les parties prenantes à commencer par les magistrats et les professionnels de la PJJ peuvent susciter des questionnements de nature à inspirer des projets d’études et de recherche. »