L'enfance et les enfants appartiennent depuis longtemps au paysage des sciences humaines et sociales, mais ils ont été investis à des degrés et selon des modalités qui varient selon les disciplines. Historiquement, les premières à s'y être intéressées et à avoir marqué leur emprunte sur toutes les autres relèvent de diverses approches psychologiques. Cependant, progressivement, un nombre croissant de disciplines – anthropologie, histoire, sociologie et, plus récemment science politique ou encore géographie– ont revendiqué la pertinence de leur approche spécifique en ce domaine. Finalement, à quelle discipline appartiennent les enfants ? Qu'en ont fait, au fil du temps, les différentes disciplines qui s'y sont intéressées ? Qu'ont fait, en retour, les enfants aux disciplines qui les ont étudiés ? Pourquoi cet objet semble-t-il, de nos jours, appeler à une collaboration interdisciplinaire voire à un effacement des frontières disciplinaires ? Quels sont les bénéfices et les périls de ces redéfinitions, quand elles existent, du fonctionnement de la recherche ? Comment, finalement, les enfants circulent-ils entre, parmi et au-delà des disciplines ? Ces journées d'étude proposent d'effectuer un retour réflexif, historiographique et critique sur le processus de constitution de l'enfance et des enfants comme objets d'étude à part entière. Nous souhaitons notamment interroger la condition épistémologique de l'objet« enfants/enfance », l'histoire et la nature de leur inscription disciplinaire, ainsi que l'émergence d'une approche non disciplinaire qui définit, explicitement ou en creux, un champ nouveau, celui des « études sur l'enfance ».